Tout nouveaux tout beaux!

Publié le par seven

Dans un précédent très bref billet (jour de grande flemme), j’évoquais la mise en évidence semi-récente d’une neurogénèse au sein du cerveau des mammifères adultes.

 

J’insiste, mais il y a quelques années encore, ce phénomène était tout à fait nié. Il se trouvait toujours une bonne âme, qui lors de notre vingt-cinquième anniversaire, nous informait qu’à partir de cette date, nos neurones qui avaient à peu près tous survécu jusque là, allaient commencer à disparaître les uns après les autres, irréversiblement (1).

Cette époque archaïque étant maintenant révolue (depuis 10 ans), une nouvelle question nous tarraude tous (oui, vous aussi, elle vous obsède) : ne serait-ce qu’un vain espoir ? Après tout, le principe même de la tumorogénèse est la prolifération cellulaire. Ca nous ferait une belle jambe (excusez-moi l’expression, mais l’angoisse doit être perceptible dans ma formulation) d’avoir plein de nouveaux neurones…complètement inefficaces ou pire anti-efficaces (je sais ce mot n’existe pas, mais vous avez compris).

 

Eh bien je ne répondrai pas à cette cruciale question aujourd’hui (c’est rigolo, hein ?). Mais à une interrogation voisine, qui finalement s’en rapproche (puisqu’elle est voisine). Je n’irai pas par quatre chemins, en un mot comme en mille, j’irai droit au but (réécoutez vos classiques si vous n’avez pas identifié l’auteur de ces mots. C’est une idée, ça : un quiz : ki c ka di ça ? Un bon point au gagnant. Et mettez au moins un commentaire pour ne pas laisser cette question en suspens). Bref : plusieurs circonstances favorisent la neurogénèse. Certaines physiologiques, telles l’exercice physique, d’autres pathologiques telles les accidents vasculaires cérébraux ischémiques et les crises d’épilepsie.

 

Question : les nouveaux neurones sont-ils plutôt bénéfiques ou aggravent-ils la situation ?

 

La réponse est importante, car elle est susceptible d’avoir des implications thérapeutiques à moyen terme…C’était donc l’objet du papier de Jakubs et al, dans J Neuroscience l’an dernier (2) (c’est-à-dire il y a deux mois). Ils ont regardé comment fonctionnaient les neurones granulaires néoformés du gyrus denté de l’hippocampe, chez les rats, qui soient avaient couru dans une roue, soient avaient été rendus épileptiques. D’abord les propriétés membranaires intrinsèques (potentiel de repos, seuil de potentiel d’action…) de ces cellules étaient similaires dans les deux groupes. Par contre, leurs connexions avec les cellules matures étaient différentes. Chez les rats épileptiques, ces bébés neurones recevaient moins d’afférences synaptiques excitatrices, et plus d’inhibitrices. D’autre part, leur plasticité synaptique à court terme, c’est-à-dire la modification de leur activité après stimulus excitateur ou inhibiteur, se fait dans le sens d’un renforcement de l’inhibition.

 

Donc deux conclusions principales :    

 

1) D’abord, le comportement des nouveaux neurones diffère selon l’environnement dans lequel ils sont nés. 

2) Ensuite, ce comportement tend à limiter l’activité anormale, donc est adapté   intelligemment à la situation.

 

Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve ça formidable : nous sommes passés d’une dégénérescence neuronale précoce non compensée, à une neurogénèse réparatrice!

Ici, l’exemple était celui de l’épilepsie, mais des travaux sont en cours également sur des modèles de maladie neurodégénératives, telles que Alzheimer, Parkinson etc. Finalement, l’idée est que les neurones néoformés s’insérent de façon à compenser une activité pathologique, quelle qu’elle soit. Reste à trouver des moyens de stimuler cette synthèse neuronale, et de faire en sorte qu’elle soit efficace. Ou de réussir à implanter des cellules susceptibles de les remplacer : c’est toute la rechercher sur les cellules souches. Mais le chemin est encore long avant de peut-être y parvenir…

 

(1) Le « nous » est générique : ne pensez même pas à me faire plus vieille que je ne suis. Non mais sans blague !

 

(2) Environment matters: synaptic properties of neurons born in the epileptic adult brain develop to reduce excitability. Jakubs et al. Neuron. 2006. 52, 1047–1059.

Publié dans Physio Neuro

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