Autisme, schizophrénie et neurologie

Publié le par seven

Peut-être ce qui suit  semblera-t-il évident à tous , en tous cas je le souhaite. Mais mon expérience personnelle me laisse penser le contraire. Il arrive, malheureusement régulièrement, qu’au cours d’une conversation, j’apprenne qu’un enfant de l’entourage de mon interlocuteur est suivi en psychiatrie depuis peu, le diagnostic d’autisme, ou encore de schizophrénie ayant été posé. Et que les parents culpabilisent, car on leur « aurait » dit que ces troubles étaient la conséquence de relations parents-enfant pathologiques. (« On » n’est pas clairement identifié, mais j’ai peur qu’il puisse s’agir parfois du médecin).

D’où ce billet.

Depuis quelques années, plusieurs courants émergent en psychiatrie. Je schématise volontairement :

1)      les psychodynamiques purs et durs : tout peut être expliquer par l’histoire du patient

2)      les biologiques purs et durs : tout désordre psy  est du à une anomalie biochimique. La biographie, on s’en moque

3)      Les mixtes (ouf !), bien représentés heureusement.

Depuis Freud, psychodynamique par excellence, dont le travail est plus que fondamental et remarquable à mon avis, pas mal de travaux scientifiques ont été réalisés sur des maladies psychiatriques. En particulier les plus sévères, les psychoses, dont font partie la schizophrénie et l’autisme sus cités.

Prenons l’exemple de l’autisme, qui est peut-être l’un des moins mal connu. En fait, il est maintenant considéré plutôt comme un syndrome, pouvant se manifester dans diverses maladies. Son caractère héréditaire, ou familial avait déjà été constaté. Les études de jumeaux en particulier, révèlent que la probabilité de présenter ce syndrome passe de 1% dans la population générale, à 60 à 90% chez des vrais jumeaux ! Dans un quart des cas, la maladie génétique peut être identifiée. Dans tous les trois quarts restants, ce n’est pas possible. Ce qui ne signifie pas qu’elle n’existe pas !

Et cette notion d’hérédité se retrouve en fait dans toutes les psychoses.  

Par ailleurs, on a de plus en plus d’arguments pour dire qu’il existe des anomalies cérébrales constitutionnelles chez ces patients (anatomiques, fonctionnelles etc). Si bien que bon nombre de neurologues s'intéressent très sérieusement à ces maladies.

Cela ne signifie pas que l’environnement familial n’a aucune importance. Il peut stabiliser, rassurer etc. Mais les meilleurs parents du monde (ne cherchez pas, c’est moi qui les ai !) ne pourront empêcher la décompensation d’une schizophrénie ou le développement de l’autisme.

Cela ne signifie pas non plus que la psychothérapie soit inutile chez ces patients. Elle peut apporter un soutien précieux. Mais associée aux traitements médicamenteux, comportementaux, sociaux etc...

Ainsi, pour ces deux pathologies en tous cas, l'étiologie somatique est démontrée. Alors  je trouve aberrant que des parents puissent être accusés d’être responsables, et défaillants lorsque leur enfant en est atteint. Voilà tout. 

PS : La discussion pourrait se poursuivre des heures, sur la frontière psy-somatique, mais là n’était pas mon propos…En une phrase, je penche pour l’approche 3).

Publié dans Patho Neuro

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B
Bien aimé l'article. Je suis favorable, moi aussi aux "mixtes", mais comment savoir si un médecin l'est ou non avant de consulter ?A votre avis, quelle(s) attitude(s) parentale risque de faire pencher l'évolution vers une dégradation ? Laquelle (ou lesquelles) vers une aide à l'évolution ?En ce qui concerne autisme et schizophrénie, où puis-je me renseigner pour comprendre les différences fondamentales ?Merci.
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